PATRICIA MEFFRE
SCULPTRICE, CÉRAMISTE, DESSINATRICE
• Née en 1954
• Vit et travaille à Séguret
Ma démarche artistique se fonde autant sur une formation et une pratique du dessin archéologique que sur l’exercice du modelage de la terre. C’est ce qui m’a conduit à expérimenter puis concevoir des objets en trois dimensions, explorant tout un réseau de formes sensibles, principalement dans le domaine des représentations de la féminité à travers le temps et l’espace, renvoyant à ce que pourrait être un « art» ou ce qu’on a appelé le « féminin dans l’art ».
Durant plusieurs années, j’ai donc étudié et dessiné des objets (pour l’essentiel, des céramiques), propres aux périodes préhistoriques et protohistoriques, dans le cadre de travaux de publications du
C.N.R.S. J’ai pu ainsi largement m’imprégner de la richesse et de l’inventivité des formes d’art de la terre. Parallèlement, je me suis exercée plusieurs années au modelage de l’argile selon une perspective progressivement sculpturale. Ma pratique actuelle m’amène à associer au matériau terre d’autres matériaux tels que les fibres, les teintures, le verre, le métal (bronze, or, argent).
J’ai été profondément marquée par le livre de Marija Gimbutas « Le langage de la déesse », consacré aux anciennes sociétés dites matriarcales. Cet ouvrage m’a ouvert le vaste champ de comparaisons entre diverses productions artistiques, divers univers symboliques. C’est ce qui m’a orienté vers des directions de recherches inespérées, du fait notamment de la plasticité et de la polymorphie des symboles et de leur potentiel imaginatif…
Repères / Textes
Patricia Meffre explore un répertoire de formes liées aux représentations, non de « la Femme », mais de la féminité, en tant qu’expression des puissances génératrices et fécondantes des anciennes civilisations humaines. L’attrait qu’elle a pour certaines images figurées des anciennes cultures et leurs faisceaux de signes répond à cette nécessité de l’artiste d’en réinvestir les richesses expressives, comme l’écrit Giorogio Agamben : « Les formes les plus archaïques semblent exercer sur le présent une fascination particulière, parce que la clef du moderne est cachée dans l’immémorial et le préhistorique… »
C’est ainsi que les créations de Patricia Meffre explorent les motifs du serpent, du corps de la déesse-mère, et d’autres encore, comme les signes des constellations.
Dans sa démarche, cette artiste met en avant cette volonté d’explorer la richesse et l’universalité des langages, des figures, des symboles, qui demandent toujours à être réinventés. Ils permettent de faire voyager celui qui regarde les œuvres à travers le temps et l’espace de l’imagination, en n’oubliant jamais que l’art doit surprendre, étonner, mettre en question, solliciter la perplexité fécondante. (extrait de Ventoux Magazine, été 2020).