Philippe COUSIN / Artiste – 10ème jour

Tous déconfits, tous unis  face à la déconfiture générale !

Cher fruit confit, vous avez toute ma compassion. Cela fait maintenant dix jours que vous n’êtes pas sorti (e) de chez vous et que vous ne supportez plus votre conjoint(e)  -mais où est donc passé l’amoureux(se) des débuts, celle (celui) qui glissait ses mains froides dans l’encolure de votre chemise ? Vous n’en pouvez plus des ricanements hystériques de vos adolescents, votre  canari a perdu toutes ses plumes, bref, c’est dur.

Voyons les choses comme elles sont : le pire est encore à venir. On sait maintenant que les dégâts occasionnés par le Coronavirus sur l’économie mondiale seront comparables à ceux de la grande crise de 1929  -ce n’est pas moi qui le dit, c’est le ministre. Pour qui connait un peu son Histoire, cela signifie un krach économique et boursier majeur dans six mois, des dépôts de bilan en cascade, des centaines de fermetures d’entreprises, le chômage qui explose, et, à terme, une grève générale pas piquée des hannetons. On court à la ruine, si ce n’est déjà fait. L’Etat  finira par taper dans les Caisses de Retraite, les vieux descendront dans la rue, l’Assemblée nationale sera dissoute et nous hériterons d’un pouvoir populiste qui ne durera pas quinze jours.

Encore ne sommes-nous pas les plus mal lotis : L’Afrique va tout droit vers d’effroyables hécatombes, les Etats-Unis se détricotent à toute allure et la Russie se recroqueville derrière ses frontières. La Chine, elle, sortira probablement plus forte et plus hégémonique de cette vilaine affaire, mais rassurez-vous, le pire n’est jamais sûr à 100% . A défaut de chanter, les lendemains nous marmonneront peut-être  quelques suggestions à l’oreille : faisons moins d’enfants, boudons les MacDO, revendons nos voitures et surtout n’allons pas chercher noise aux chauve-souris et aux pangolins ! Ce qui nous abat peut nous relever du même mouvement. Saisissons notre chance, changeons radicalement de vie.

Il est encore trop tôt pour prendre la mesure de ce qui nous attend, tant la puissance et la soudaineté de la pandémie nous ont sidérés. Nous serions-nous réveillés, le matin du 16 Mars, peints en bleu des pieds à la tête que nous n’aurions pas été plus surpris. Même chose si les extraterrestres s’étaient posés dans la cour du Palais des Papes.  Ce qu’il faut se dire aujourd’hui -et c’est en soit un motif d’espoir- c’est que nous vivons des temps extraordinaires : tout est possible encore, à commencer par l’impossible.     

PhC