Philippe COUSIN / Artiste – 15ème jour

15 ème jour de confinement : on est bien trois milliards de fruits confits à baigner dans notre jus, chacune et chacun dans son coin. Dehors, le Coronavirus se pavane. Il cogne à notre porte en passant: « -Toc, toc toc, je peux entrer ? » C’est qu’il commence à avoir les crocs, le bougre, cent ou deux cents mille vies humaines, pour lui, ça n’est rien. Il en reprendrait bien un peu … Pas d’inquiétude, il y aura toujours des imbéciles qui n’ont pas peur de lui. Et puis, ces millions et ces millions de pauvres gens, de par le monde, qui n’ont pas de chez-eux, ou alors pas d’espace pour s’isoler…

N’empêche, on se glisserait bien dehors, à la nuit tombée, pour aller voir celle ou celui qu’on aime -je parle des célibataires, bien sûr, mais pas que. Histoire de lui embrasser le bout des doigts, ou de lui faire un enfant dans la bouche -je ne sais pas pour vous, mais moi, les états d’urgence, ça me met dans un état pas possible… C’est que le temps nous est compté, pauvres mortels, mais là, il nous est décompté deux fois : d’abord, on passe des heures à se morfondre entre quatre murs, et après, il y a tout ce qu’on aurait pu faire pendant ce temps-là avec l’élu (e) de notre cœur. Se parler, pour commencer. S’embrasser, se caresser, se mordre. Regarder ensemble dans la même direction. S’engueuler, se fâcher à mort. Se quitter avec pertes et fracas, et revenir…

La vie, quoi, la vraie vie. On est toutes et tous dans le même bateau, c’est entendu, mais vivement qu’on touche la terre!

Je reste chez moi