PHILIPPE COUSIN
DESSINATEUR, ÉCRIVAIN
• Né en 1946
• Vit et travaille à Avignon
Certaines vocations se déclarent tôt, ce fut mon cas. A six ans, penché sur ces grandes feuilles de papier sulfurisé dont on enveloppait alors le beurre, je dessinais déjà d’immenses batailles. Vers dix ans, je me suis mis à écrire et je ne suis plus jamais allé nulle part sans me munir de papier et de crayons. Dans mon milieu d’origine, composé surtout de paysans et d’instituteurs, on ne savait pas ce qu’était un artiste, ou alors ceux que l’on connaissait étaient accrochés au Louvre : on ne m’a pas aidé à en devenir un, mais on ne m’a pas freiné non plus.
J’ai pu m’inventer tout à mon aise.
Je suis né une deuxième fois en arrivant à Paris, un peu avant les évènements de Mai 68. Assez vite, j’ai pu placer mes dessins et nouvelles dans la presse « underground », puis dans « Libération », puis dans « Le Monde ». Il est de bon ton aujourd’hui de dénigrer les années 70, mais je m’y suis forgé le crédo qui a conduit toute mon existence -deviens un individu à part entière, pas une copie des autres.
J’ai publié mon premier récit érotique à trente ans, un premier recueil de nouvelles à trente et un, mon premier livre de science-fiction à trente-cinq et mon premier thriller à quarante, mais mon premier vrai roman, je l’ai écrit à l’âge de quarante-cinq ans ; au total, j’ai bien dû écrire une quarantaine d’ouvrages dont une bonne moitié se laisse facilement oublier.
J’ai vécu à Paris pendant presque quarante ans parce que c’est là que les choses se décidaient. J’y ai travaillé comme un forcené dans la publicité, dans les médias, la presse et l’édition. J’ai plus été un mercenaire qu’un artiste, mais j’avais cette autre vie qui me consolait de celle-là.
Je suis arrivé dans les Bouches-du-Rhône un peu par hasard, en 2000, et là, j’ai recommencé à dessiner sur d’immenses feuilles de papier, comme quand j’étais enfant. Enfin, en 2018, j’ai franchi la Durance et je me suis installé rue des Lices, au cœur d’Avignon.
Est-ce qu’une œuvre s’explique par la vie que l’on a menée ou est-ce la vie qui prend tout son sens à la lumière de l’œuvre ? Reste que j’éprouve toujours profondément le besoin de créer quelque chose qui soit vu par les autres, quelque chose de mystérieux et de compréhensible à la fois qui me soit éminemment personnel et tende en même temps à l’universel.
Repères / Textes
Caprices Méditerranéens.
Socles et dessins de Philippe Cousin
«Le Piranèse, Canaletto, Hubert Robert… L’œuvre de ces grands peintres et graveurs des XVIIème et XVIIIème siècle m’a toujours fasciné. Enfant, je rêvais déjà devant leurs perspectives vertigineuses qui semblaient avoir été taillés pour des Dieux.
Je leur rends aujourd’hui hommage avec cette série de « caprices » -le mot « Caprice » désignait à l’époque des paysages imaginaires organisés ou recréés à partir d’éléments réels. Pour ce faire, je me suis inspiré librement de ce que je voyais autour de moi: ruines romaines, sites archéologiques, palais Vénitiens, montagnes et garrigues… Tout cela, je l’ai agencé selon une scénographie de mon crû : le bois, la pierre et l’empreinte humaine sont du Temps fossilisé, l’air, l’eau et les arbres sont du Temps vivant.
Cette éternité, je la dessine en noir et blanc pour être au plus près de l’émotion. Le noir, c’est l’ombre. Le blanc, c’est le soleil. »
PHILIPPE COUSIN
DESSINATEUR, ÉCRIVAIN
• Né en 1946
• Vit et travaille à Avignon
Certaines vocations se déclarent tôt, ce fut mon cas. A six ans, penché sur ces grandes feuilles de papier sulfurisé dont on enveloppait alors le beurre, je dessinais déjà d’immenses batailles. Vers dix ans, je me suis mis à écrire et je ne suis plus jamais allé nulle part sans me munir de papier et de crayons. Dans mon milieu d’origine, composé surtout de paysans et d’instituteurs, on ne savait pas ce qu’était un artiste, ou alors ceux que l’on connaissait étaient accrochés au Louvre : on ne m’a pas aidé à en devenir un, mais on ne m’a pas freiné non plus.
J’ai pu m’inventer tout à mon aise.
Je suis né une deuxième fois en arrivant à Paris, un peu avant les évènements de Mai 68. Assez vite, j’ai pu placer mes dessins et nouvelles dans la presse « underground », puis dans « Libération », puis dans « Le Monde ». Il est de bon ton aujourd’hui de dénigrer les années 70, mais je m’y suis forgé le crédo qui a conduit toute mon existence -deviens un individu à part entière, pas une copie des autres.
J’ai publié mon premier récit érotique à trente ans, un premier recueil de nouvelles à trente et un, mon premier livre de science-fiction à trente-cinq et mon premier thriller à quarante, mais mon premier vrai roman, je l’ai écrit à l’âge de quarante-cinq ans ; au total, j’ai bien dû écrire une quarantaine d’ouvrages dont une bonne moitié se laisse facilement oublier.
J’ai vécu à Paris pendant presque quarante ans parce que c’est là que les choses se décidaient. J’y ai travaillé comme un forcené dans la publicité, dans les médias, la presse et l’édition. J’ai plus été un mercenaire qu’un artiste, mais j’avais cette autre vie qui me consolait de celle-là.
Je suis arrivé dans les Bouches-du-Rhône un peu par hasard, en 2000, et là, j’ai recommencé à dessiner sur d’immenses feuilles de papier, comme quand j’étais enfant. Enfin, en 2018, j’ai franchi la Durance et je me suis installé rue des Lices, au cœur d’Avignon.
Est-ce qu’une œuvre s’explique par la vie que l’on a menée ou est-ce la vie qui prend tout son sens à la lumière de l’œuvre ? Reste que j’éprouve toujours profondément le besoin de créer quelque chose qui soit vu par les autres, quelque chose de mystérieux et de compréhensible à la fois qui me soit éminemment personnel et tende en même temps à l’universel.
Repères / Textes
Caprices Méditerranéens.
Socles et dessins de Philippe Cousin
«Le Piranèse, Canaletto, Hubert Robert… L’œuvre de ces grands peintres et graveurs des XVIIème et XVIIIème siècle m’a toujours fasciné. Enfant, je rêvais déjà devant leurs perspectives vertigineuses qui semblaient avoir été taillés pour des Dieux.
Je leur rends aujourd’hui hommage avec cette série de « caprices » -le mot « Caprice » désignait à l’époque des paysages imaginaires organisés ou recréés à partir d’éléments réels. Pour ce faire, je me suis inspiré librement de ce que je voyais autour de moi: ruines romaines, sites archéologiques, palais Vénitiens, montagnes et garrigues… Tout cela, je l’ai agencé selon une scénographie de mon crû : le bois, la pierre et l’empreinte humaine sont du Temps fossilisé, l’air, l’eau et les arbres sont du Temps vivant.
Cette éternité, je la dessine en noir et blanc pour être au plus près de l’émotion. Le noir, c’est l’ombre. Le blanc, c’est le soleil. »