SYLVIANE BOUCHET

SCULPTRICE, DESSINATRICE

• Née en 1961
• Vit et travaille à Avignon

Sculpter pour moi c’est pouvoir raconter une histoire. Celle d’une lente émergence qui se poursuivra dans le surgissement d’un événement, se donnant à voir et à sentir. Le langage est souvent celui de la figure humaine.

Faire remonter d’une mémoire quelque chose que je ne connais pas, le livrer à l’espace dans un mouvement vers, ouvert, qui pourra ensuite être partagé et s’enrichir du regard de l’autre.

En amont il y a l’attente devant une armature primaire, le silence, avant qu’un premier geste vienne accrocher les prémisses d’une figuration, par petites touches ou strates successives.
De cette sculpture impressionniste, en quelque sorte, où apparaissent traces du geste, empreintes de l’outil via la main, entailles, répétitions ou inconnu, douceur mais aussi insistance, se créent des interrogations, doutes, des accidents, et…des jubilations.
C’est le geste tantôt libre tantôt conduit ou les deux à la fois qui ouvre l’expérience et laisse trace.
Laisser venir en état de présence…
Fragmentations et rassemblements jouent ensemble jusqu’à pouvoir donner corps à une certaine agitation du dedans, qui voudrait honorer quelque chose du vivant.
Ici s’invite la belle pensée de Sylvie Germain «faire du désir une aventure et non un obstacle… »
Et souvent ce qui semblait être moi est recueilli dans quelque chose de plus vaste, qui me dépasse, et c’est tant mieux !

Repères / Textes

« Il est deux points de départ pour les sculpteurs : le solide ou le tendre, sous leurs doigts tout aussi malléables. En terme d’approche technique, leur art s’exprime alors par soustraction ou par addition. Mais la visée est toujours la même… Par goût et par nature, Sylviane Bouchet a choisi le second matériau, séduite par le ciment – d’apparence si banale – qu’elle travaille comme de la glaise. Dans la souplesse un peu rugueuse de cette « pâte », elle insuffle des accents terriens qui enracinent ses créations dans le limon originel.
Ses thèmes de prédilection – le couple, la famille, le désir, le rêve, le voyage, et partant l’amour, l’union, la séparation et l’irrésistible appel d’un ailleurs possible –, saisis dans l’élan même de leur expression, trouvent corps, chair et âme dans des « images » qui croisent l’histoire des hommes et du monde.
… Autant d’instants dynamiquement figés dans des sculptures vivantes qui évoquent de façon prégnante la notion de seuil dans ses dimensions spatiale et temporelle, affective et intellectuelle. Formes et volumes qui littéralement frissonnent de l’appréhension sereine et de la tranquille inquiétude du geste qui leur a donné naissance. Des œuvres à fort pouvoir d’évocation dont la vérité traduit sobrement le bouillonnement d’être d’une façon à la fois très forte, très tendre et très douce. »

Olivier Gillissen (Editions Les 3 Orangers)